lundi 22 février 2010

Maman, comment on fait des mauvais films?



Si vous prenez un jour un cours sur l’industrie du cinéma ou la distribution, il y a une chose que vous allez souvent entendre ; bien qu'il n'y a que l'argent qui compte, personne n’a comme intention de faire un mauvais film. C'est vrai. Personne ne se lève un matin et décide de passer les 3/6/12 prochains mois de sa vie à travailler sur quelque chose dont il aura honte une fois que le monde entier posera les yeux dessus. Néanmoins, cela n’empêche qu’il y a beaucoup de gens qui vont se coucher le soir en sachant qu’ils ont plus de chances d’obtenir un Gérard qu’un César.

Que se passe-t-il donc dans les couloirs des studios entre les premiers mots écrits avec optimisme sur une feuille blanche (plus exactement un nouveau fichier Final Draft) et la première projection qui vous fait comprendre que vous venez de jeter quelques millions d’euros ou de $ par la fenêtre?

La star-ocratie
Comme le dit Ari Gold, le légendaire agent de Vincent Chase dans un épisode d’Entourage, « sans Vince, ce scénario n’est qu’un tas de morceaux de bois avec des mots dessus ! ». Traduction : les remettants aux Césars ont beau dire que le scénario est essentiel pour un film, si un script -aussi bien écrit soit-il- n’attire pas l’intérêt d’un acteur ou réalisateur avec un minimum de renommée, personne n’est prêt à financer le film. À première vue, cela semble tout à fait logique. Si Luc Besson, Dany Boon, ou bien d’autres sont intéressés par un projet, c’est que ça en vaut forcément la peine, pas vrai ? Faux. La principale qualité d’un acteur, c’est de faire semblant. La principale qualité d’un réalisateur, c’est de savoir quoi faire d’une caméra. La capacité à reconnaître un bon script quand ils l’ont devant les yeux est plus qu'optionnel pour beaucoup d’entre eux (surtout chez les acteurs). Résultat : vous obtenez Angel-A, De l'autre côté du Lit ou encore Iznogoud.

L’idio-cratie
Je ne vous explique rien de nouveau en vous disant qu’un film n’a pas besoin d’être intelligent pour avoir du succès. Après tout, le monde n’est pas exclusivement peuplé de docteurs en physique nucléaire. Et The Hangover (peu importe comment ça s’appelle en français) a bien montré qu’il est possible d’avoir un bon film sans s’adresser à des professeurs d’université. Malheureusement, un problème se pose devant des producteurs qui eux ne sont pas bêtes ; quelle est la limite acceptable de stupidité à ne dépasser ? Parce que si vous ne faites attention, vous vous retrouvez avec Miss March, Year One, ou Rrrr

Le merchandising (merchandising-ocratie ne sonnait pas très bien, donc j'ai préféré uitliser un vrai mot)
C’est simple, plutôt que de faire un vrai film (ce qui trop compliqué à faire) vous collez bout à bout environ deux heures de jolies images colorés et ensuite vous vendez des jouets, des bandes dessinés, des T-Shirts, des portes clés, des casquettes, une nouvelle attraction dans un parc…
Voir Transformers, GI Joe, Star Wars : La Menace Fantôme, Taxi 4, Aterix aux Jeux Olympiques, Land of The Lost
À venir: Monopoly le film, Barbie le film, Transformers 3

Malheureusement, la seule vraie solution pour empêcher ces films d’être produits serait que le ridicule tue. Mais d’après mes informations, Michael Bay n’est pas mort; il est même un homme très riche. Et les producteurs de Land of the Lost (un film qui a perdu des dizaines de millions de $), quant à eux, sont aussi toujours vivants et se disent qu’ils auront plus de chance la prochaine fois.

Ça ne s’arrêtera donc jamais?
Apparemment, non.

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