jeudi 7 janvier 2010

Nollywood: si ce n’est pas un signe, alors là…



Profitant des mes vacances récentes aux Cameroun, j’ai pu regarder des chaines de TV africaines (auxquelles je n’ai pas habituellement accès) diffusant des films et séries du continent, notamment les fictions produites par Nollywood.

Pour ceux qui ne le savent pas, Nollywood est le surnom de l’industrie cinématographique du Nigéria (je vous laisse deviner d’où vient le surnom), qui réalise un chiffres d’affaires d’environ 300 millions de $ par an et est également la 2e industrie mondiale en terme de production de films derrière l’Inde et devant les Etats-Unis avec 500 films par an environ d’après le classement des Nations Unies, un classement qui reste néanmoins assez discutable car les Etats-Unis produisent beaucoup plus de films qui ne voient jamais la lumière du jour (et ne sont ainsi pas comptabilisés).

Ce sont des films tournés en deux semaines sur support numérique pour des budgets le plus souvent compris entre 15000 et 25 000 dollars et vendus en DVD pour 2 ou 3$ sur les marchés de Lagos où les plus gros succès sont tirés jusqu’à près d’un demi-million d’exemplaires, ce qui représente des profits intéressants pour les investisseurs ayant sauté sur l’occasion.Un des bémols à cette success story, en dehors des difficultés liées au piratage (sujet qu’on abordera bientôt), c’est le ralentissement de la croissance de cette industrie qui n’arrive pas à gagner un public plus large. La principale raison est simple et sans équivoque : la qualité même des ces films.

Placements de caméras douteux, montage ne respectant pas la continuité spatio-temporel quand ils ne s’éternisent pas sur des scènes inutiles (qui a besoin de voir un personnage réaliser son créneau en temps réel ?), scénarios à tendance mélodramatique bourrés de clichés ou qui n’ont tout simplement ni queue ni tête, personnages qui ne prennent pas une seule ride et ne change pas de coiffure malgré un saut dans le temps de 20 ans, les défauts ne manquent pas dans beaucoup de ces productions dont le succès pourrait être trivialement expliqué par « des noirs ayant envie de voir d’autres noirs sur leurs écrans ».

La première bonne nouvelle à tirer de cette situation est que ce n’est pas un supposé manque de moyens financiers mais ce sont plutôt les mauvais choix en terme d’écriture, de réalisation et de montage qui expliquent le fait que les films de Nollywood sont de qualité inférieure à leurs homologues d’autres continents et n’arrivent pas à s’ouvrir à un plus grand public. L‘autre bonne nouvelle est que Nollywood est la preuve qu’il existe une demande pour des films du Continent, qu’il y a des gens qui se battent pour les réaliser et qu’ils devraient (inévitablement) s’améliorer avec le temps.

En espérant que cet exemple poussera les cinéastes, les producteurs et les financiers à travers l’Afrique (et surtout les expatriés) à s’activer pour que le cinéma africain rattrape son retard.

Pour avoir récemment vu Good Luck Chuck et Bride Wars sur Showtime et HBO, la barre n’est pas aussi haute qu’on peut le croire…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire